Thierry Esther est né sur l’île de la Réunion

– île du métissage par excellence, où se sont entremêlés au fil des siècles le sang et les valeurs des colons européens, des esclaves africains déportés, des travailleurs pauvres indiens et des exilés de l’Empire du Milieu. Les premières années de sa vie sont donc influencées par le masala* culturel de l’île Bourbon, inexorablement modelé par son cadre îlien.

Au jeune âge de 8 ans, il doit s’en aller et suivre sa mère à Paris, ignorant que quelques années plus tard, sa vie de petit puis jeune parisien guidera les pinceaux qu’il tiendra un jour en main.

Adolescent, Thierry s’arme d’instruments de dessin et de peinture, et il reproduit sa naïve et rebelle pensée post-adolescente sur le papier et le canevas. Il peint alors des toiles très diverses pour lesquelles il adopte des techniques différentes comme pour explorer toutes les possibilités de son art. Parallèlement à cela, il passe une année au Centre National des Arts Graphiques où il pratique principalement le dessin, et s’initie aux techniques de graphisme assisté par ordinateur. Les thèmes qu’il aborde pendant cette période de sa vie sont variés ; il exprime son intérêt pour ses origines dans L’Inde de Gandhi ; fait également part de son admiration pour les grands maîtres (comme dans Les roseaux de Van Gogh) ; et il se laisse aller à pousser quelques cris (comme c’est le cas dans la toile L’Incompris). Il découvre aussi Pédalan et Cesare Pavese qui lui inspirent quelques toiles comme Déchirure.

Après 1 an d’absence à l’étranger, il reviendra avec un appétit toujours plus dévorant pour l’art dans son ensemble. Il suit un stage de calligraphie arabe au Musée des Arts Africains et Océaniens. A cette époque, il peint moins mais s’investit dans la danse, le théâtre, le chant, le cinéma, jusqu’à un grave accident qui le plonge dans le coma et après lequel sa vie prendra encore un autre tournant.

Curieux et éternel insatisfait, il ne se contente plus de ses courtes expéditions à l’étranger. Il décide d’émigrer pour les îles Canaries, où il passera 3 ans. Quelques toiles naîtront de cet exil temporaire (principalement sur le thème de la mer et du littoral), mais il les abandonnera toutes sur place pour revenir à Paris en 2005 et créer sa propre agence de communication.

Seulement, il ne se retrouve plus dans le peintre encore trop occasionnel qu’il voit tous les matins dans le miroir. Il a besoin de plus. C’est son corps et son âme qui le réclament. Alors en 2007, il fait une nième fois le « ménage » dans sa vie, et reprend la peinture avec un appétit féroce. Depuis, il nous abreuve de ses peintures avec enthousiasme, comme si elles étaient des vins qu’il aurait laissé longuement mûrir dans des fûts et qu’il ne peut alors s’empêcher de partager.

A partir de 2010, Thierry Esther fait évoluer sa technique. Il maintient l’utilisation de spatules et intègre celle de racloirs de 1 à 2 mètres. Il délaisse peu à peu l’acrylique au profit de l’huile qu’il met en valeur en utilisant des techniques anciennes : mélanges de pigments, huile de lin, térébenthine. Il s’attaque à des formats plus grands, dépassant les 2 mètres, il approfondit sa technique.

Pour nourrir sa curiosité et développer son art, il assiste à de nombreuses conférences, passe ses journées dans des galeries, des musées. Il affectionne particulièrement le Palais de Tokyo qui est pour lui un laboratoire de recherche. Il découvre de nouveaux artistes, étudie leurs méthodes, observe leurs choix en termes d’associations de couleurs.

On lui confie la direction d’une galerie d’art à Paris pendant 3 ans, un tournant qui l’amènera à faire des rencontres riches qui changeront son regard sur la peinture, sur les artistes d’aujourd’hui, sur ce que représente l’art au 21ème siècle. Il quittera la galerie en 2013 pour se consacrer pleinement à sa nouvelle série « Peinture, musique et poussière, inspiré des opéras majeurs interprétés par Maria Callas » une collection composée d’une soixantaines d’œuvres (peintures sculptures, dessins…).

*Mélange